Carnet de notes apicoles

Nourrir - 01 - Généralités : pourquoi nourrir ?

NUTRITION DE L’ABEILLE DOMESTIQUE (APIS MELLIFERA)

Source principale de ce sujet :

Thèse pour obtenir le grade de Docteur Vétérinaire présentée et soutenue publiquement devant l’Université Paul-Sabatier de Toulouse par Victoria AUFFRAY en 2020

 

La nature de super-organisme d’une colonie d’abeilles et sa biologie permettent de définir trois niveaux de nutrition d’une ruche.

Trois niveaux

Cannibalisme : Sans nourriture à disposition, des abeilles commencent à manger des nymphes de couvain, elles font cela peut-être afin de limiter les naissances (des bouches à nourrir en moins) mais aussi probablement qu'elles y trouvent une source de protéine.


SUCRES, POLLEN, GELÉE ROYALE, NECTAR, MIELLAT, QUE SONT-ILS ?

 

Les sucres :

Les physiciens vous diront que le sucre, ou saccharose, est une molécule organique composée de carbone (C), d’hydrogène (H) et d’oxygène (O). Sa formule chimique brute est C12H22011Plus précisément, le saccharose est constitué de deux molécules, une de glucose et une de fructose. Voyons sous forme de schéma.

Le saccharose :

sucre saccharose

On distingue dans cette molécule celle du glucose et celle du fructose et la liaison osidique entre elles. Cette liaison est une liaison covalente c'est-à-dire une liaison chimique dans laquelle deux atomes se partagent deux électrons.

sucre glucose fructose

 

 

Y a-t-il une différence entre le fructose et le glucose ? Oui, mais ce sont deux molécules très similaires. Glucose et fructose sont deux sucres simples. Ils comportent les mêmes atomes et ont donc la même formule chimique : C6 H12 O6 . Toutefois, comme on le voit sur le schéma, leurs atomes ne sont pas arrangés de la même manière, ils possèdent des propriétés différentes.

 

Le saccharose n’est pas assimilable tel quel contrairement aux sucres simples comme le glucose ou le fructose. Dans le jabot de l'abeille, une enzyme hydrolyse le saccharose du nectar, c’est-à-dire le segmente en deux, en fructose et glucose, grâce à l’action d’une molécule d’eau. Les enzymes sont des protéines qui initient la réaction et accélèrent son déroulement. À la fin de la réaction, l’enzyme est inchangée et elle peut donc catalyser une nouvelle réaction.

 

 

Le pollen :

Pollen

 

Constitué d’environ 30 % d’eau, 18 à 30 % de protéines, jusqu’à 3% de sels minéraux, environ 5% de fibres, des vitamines et de 1 à 20% de lipides.

En rentrant à la ruche, ce pollen est déposé, tassé, puis recouvert d’une petite couche de miel, sans operculation de l’alvéole. 

Pour conserver ce pollen dans la ruche, un processus de fermentation se met en place et dure une quinzaine de jours. Les abeilles fabriquent ainsi le pain de pollen appelé également pain d’abeille

 

La gelée royale :

Gelée royale

 

Synthétisée par les glandes des ouvrières pour nourrir la reine et les larves. Elle est constituée de 50 à 70% d’eau, de 10 à 20% de protéines et d’acides aminés libres, 8 à 25% de glucides, 3 à 8% de lipides, quelques % de "10HDA" acide gras aux propriétés antibactériennes, de très nombreuses vitamines, notamment du groupe B, ainsi que des minéraux et oligoéléments.

 

Le nectar :

Nectar

 

Extrait de "Variabilité intraspécifique du volume et de la composition du nectar floral" par Michele Bertazzini et Giuseppe Forlani en mars 2016 : Le nectar est une solution aqueuse riche en nutriments de sucres, d’acides aminés, d’acides organiques, de protéines, de graisses, de vitamines, de minéraux et d’autres composants mineurs, tels que des protéines à forte activité antimicrobienne. Il est dérivé de la sève du phloème et est produit par un groupe de cellules spécialisées, les nectaires, généralement présentes dans la fleur à la base des pétales. Sa composition peut varier considérablement en fonction des espèces végétales et des conditions environnementales, ainsi que des phases sexuelles florales et de la position des fleurs dans les inflorescences. La teneur totale en sucre varie d’un minimum de 5% à un maximum de 80%. Dans la plupart des cas, le saccharose est le seul ou le principal composant, mais dans certains cas, le saccharose, le glucose et le fructose sont présents en quantités similaires, conditionnant le choix des pollinisateurs. Étant donné que la sève du phloème contient principalement du saccharose, des réactions chimiques doivent se produire pour produire du glucose et du fructose. Ces réactions sont localisées dans les nectaires.

 

Le miellat :

 

Composé principalement d’hydrates de carbone, on retrouve dans le miellat à la fois des sucres d'origine végétale et des sucres synthétisés par les pucerons eux-mêmes. Parmi ceux-ci, on peut citer le mélézitose, le fructomaltose, le raffinose et le tréhalose. Les proportions des différents hydrates de carbone varient largement en fonction du couple plante hôte-espèce de puceron. A titre d'exemple, l'analyse de la composition du miellat de pucerons faite par Lallie GLACET pour son master, donne environ 40% de fructose, 30% de glucose, 10% de sucrose, 5% de maltose, qq % de mélézitose..., des acides aminés.

Il a été observé qu'une concentration élevée de mélézitose dans le miel (10%-12%) conduit à la cristallisation du miel (appelé miel béton). Consommé en hiver par les abeilles il provoque des diarrhées. Les principaux végétaux permettant la formation de miellat et leur récolte par les abeilles sont le pin, le sapin, l’épicéa, le tilleul.

 

 

L’eau :

N’est pas considérée comme un nutriment, mais est indispensable aux abeilles qui ne la stockent pas comme elles le font pour le pollen ou le miel.

Elle sert à maintenir l’humidité relative aux alentours de 70% pour permettre le développement du couvain, très sensible à la déshydratation. 

L’eau est aussi essentielle pour réguler la température de la colonie par le mécanisme de ventilation.

 


 

QUEL NOURRISSEMENT PAR L'APICULTEUR ?

 

Lorsqu’il n’y a pas de ressource alimentaire dans l’environnement, les abeilles consomment les réserves amassées au cours des miellées. Cependant, des apports peuvent être faits :

  • Lorsque le pollen ou le nectar ne sont pas disponibles, en particulier en début d’année. Cela permet à la colonie de survivre et d’élever du couvain avant que les miellées n’arrivent.
  • En fin d’été, pour avoir des colonies nombreuses et en bonne santé pour l’hivernage.

 

Le sucre peut être apporté à l’abeille sous forme de sirop ou sous forme de candi.

L'apiculteur qui fait du sirop lui-même en dissolvant du sucre dans le eau, utilise donc principalement du saccharose. En effet 92% du sucre commercialisé en France est du sucre blanc de betterave qui contient jusqu’à 16 % de saccharose dans ses racines blanches. Le sucre emmagasiné dans la racine de la betterave est extrait en isolant le saccharose des autres composants de la plante. Le saccharose se dissout dans l'eau suivant l'équation

C12H22O11(s) --> C12H22O11(aq)

Où est la différence ? L'indice (aq) signifie que le composé est dissous c'est-à-dire que les particules qui le constituent sont entourées de molécules de solvant, l'eau dans le cas présent.

 

  • Lorsque les colonies redémarrent, l’apiculteur peut effectuer un nourrissement « de stimulation » avec du sirop. En mimant l’effet du nectar, cela encourage les abeilles à élever du couvain et à collecter du pollen. Le sirop léger utilisé contiendra environ 50% d’eau et 50% de sucre. Ce type de nourrissement peut également être utilisé pendant la belle saison si une période sans floraison dure plus d’un mois. Mais si les abeilles sont nourries au sirop pendant une période de miellée, ou trop tard avant une miellée, lorsque des hausses sont disposées sur le corps de la ruche, le sirop peut alors être stocké par les abeilles et se retrouver dans les hausses avec le miel.
  • Le nourrissement au sirop peut préparer les colonies à affronter l’hiver à la fin des miellées. L’apport de sirop en période automnale permet d’obtenir des ruches plus populeuses, par stimulation de la ponte de la reine avec un sirop léger. Si le souhait est d’avoir plus de réserves pour l’hiver, il est possible d’apporter un sirop lourd contenant 60 à 70% de sucre. Si le sirop n’est pas entièrement consommé dans les cinq jours, il n’est pas utile d’en donner à nouveau.
  • Le candi, consommé plus lentement par les abeilles, n’a pas d’effet stimulant comme le nectar, et n’engendre pas de risque de pillage. Il présente l’avantage d’être consommé par temps froid, en dessous de 10°C quand le sirop ne l’est plus. Il est très rarement stocké par les abeilles. Le candi est placé à proximité de la grappe d’abeilles en hiver.
      • Le sucre du candi préparé à chaud est grandement inverti. Lors de la cuisson du candi entre 116 et 119°C, le saccharose est inverti en fructose et glucose. Ces sucres sont directement assimilables par les abeilles.
      • Le candi préparé à froid est composé quasi exclusivement par du saccharose.

 

Nota :

Si vous voulez nourrir avec du miel, lisez d'abord l'article du thème "La récolte" - 06 - Conservation du miel - taux d'HMF

 



30/01/2022
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 13 autres membres