La colonie - 01 - La colonie super-organisme
Extrait de "Le génie des abeilles" par Éric Tourneret et Sylla de Saint Pierre, et Jürgen Tautz (2023) :
La colonie peut être vue comme un être en soi, d'où l'appellation «super-organisme». Ses gamètes sont la reine, ovocyte volant, et les faux bourdons (les mâles), qui jouent le rôle de spermatozoïdes ; le couvain est son utérus ; les ouvrières en sont les membres et jouent le rôle de différents organes, tout comme les rayons de cire, partie constituante du super-organisme de par leur influence sur la matière, l'énergie ou encore la communication des abeilles. Le super-organisme est esclave de la même loi que celle des êtres pluricellulaires, se multiplier et assurer la reproduction de sa substance héréditaire.
C'est l'ardeur de la colonie qui fait des abeilles mellifères le premier partenaire sexuel des fleurs. En une journée de printemps, les va-et-vient des petites butineuses d'une seule ruche peuvent fertiliser plusieurs millions de fleurs, jusqu'à 3 000 pour une seule abeille. Travailleuses méthodiques, elles restent fidèles à la même espèce florale tant qu'il y a là du nectar. Cette fidélité, qui accroît la fertilisation car elle évite que du pollen ne soit inutilement disséminé sur une autre espèce, cache un motif opportuniste : parce que l'inépuisable variété dans les formes des fleurs oblige les butineuses à tester pour chacune le meilleur mode de collecte, leurs performances sont optimales sur les fleurs qu'elles ont déjà visitées. Et parce qu'à l'intérieur de la ruche elles se communiquent d'abeille à abeilles la source de nectar, le nombre de butineuses peut se multiplier en proportion du nombre de fleurs prêtes à les accueillir.
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