Carnet de notes apicoles

L'abeille - 12 - Rétention mnémonique

Extrait de "LA RÉTENTION MNÉMONIQUE CHEZ APIS MELLIFICA" par Maurice VUILLAUME en 1959 de la Station de Recherches apicoles à Bures/Yvette.

On sait que la mémoire précise de la topographie et de l’emplacement de la ruche permet aux abeilles de retrouver leur colonie après un vol qui les en a éloignées de plusieurs kilomètres (jusqu’à 11 km). Si par contre la ruche elle-même est éloignée artificiellement de plus de 3 km par rapport à l’emplacement initial, les abeilles s’orientent par rapport au nouvel emplacement de la ruche et ne reviennent pas à l’ancien. Dans ce cas, la présence de la reine peut jouer un rôle fixateur important, mais elle ne suffit pas à elle seule à maintenir les abeilles en place. Il suffit en effet de déplacer la ruche à moins de 3 km pour que toutes les butineuses retournent à leur ancien emplacement.

Ceci nous amène à distinguer plusieurs zones autour de la ruche :

0 à 3 km - 3 à 11 km - 0 à 11 km.


a) les abeilles d’une portion orpheline de la colonie, prélevée et mise en ruche dans la zone 3 - 11 km, ne retournent pas à leur ancien emplacement ;
b) déplacées dans la zone 0 - 3 km avec ou sans reine, les butineuses retournent à l’emplacement initial ;
c) dans la zone 0 - 11 km, les abeilles sont capables, en partant de la ruche, de retrouver son emplacement.

 

La mémoire de l’abeille lui est aussi d’un grand secours pour retrouver l’emplacement exact de la ruche dans un rayon de quelques mètres, ainsi que l’emplacement du trou de vol. Quand la ruche a subi une simple rotation de 180° sur place, les abeilles continuent à se diriger vers l’ancien emplacement de ce trou de vol, trois semaines au moins après le retournement. Or, cette période de trois semaines correspond à la durée de vie d’une abeille en tant que butineuse. Après ce laps de temps, les abeilles rentrent directement à la ruche, mais ce sont d’autres ouvrières, qui ont appris lors de leurs premières sorties à s’orienter par rapport à la nouvelle position du trou de vol. D’ailleurs, au cours des jours qui suivent le retournement, le nombre des butineuses qui se dirigent vers l’ancien trou de vol, va en s’amenuisant, sans doute à cause de la mortalité progressive des vieilles butineuses.

 

Dans la localisation de la ruche à brève distance (1 à 2 m) les stimuli visuels jouent certainement un rôle. Mais l’ancien emplacement dépourvu de toute marque visible, est cependant bien reconnu et le parcours s’infléchit pendant très longtemps au-dessus de lui. Cela provient sans doute de la rétention des repères lointains, permettant, en dehors de tout repère proche, une orientation bien plus précise qu’on n’aurait pu le supposer.


De l'importance des repères pour éviter la dérive : extrait de "Les erreurs d'orientation des abeilles (dérive) par J. Fresnaye en 1963 :

Nous avons montré que les inconvénients de la dérive sont divers et peuvent parfois être très graves pour les colonies. Il y a donc tout intérêt à lutter le plus possible contre elle. Pour cela on utilisera les méthodes suivantes :

  1. Installer les ruchers dans des sites comportant le plus possible de repères discernables par les abeilles, arbres, arbustes, rochers, constructions.
  2. Éviter de placer un trop grand nombre de ruches au même emplacement.
  3. Accentuer la diversité du site en disposant les ruches irrégulièrement ; donner aux ruches des orientations différentes ; varier la distance qui les sépare ; faire varier la distance entre les ruches et le sol.
  4. On peut également peindre les ruches de couleurs différentes : blanc, jaune, bleu et noir.

Enfin, extrait de "Côté ruches" : Si vous déplacez votre ruche au sein du rucher le déplacement devra être progressif car si vous dépassez un mètre l'abeille sera désorientée lors de son retour à sa ruche. Limitez le déplacement à 50 cm par jour latéralement mais d'avant en arrière vous pouvez augmenter la distance sans toutefois dépasser le mètre.


Extrait de "The practical Beekeeper" par Michael Bush : Lorsque les abeilles s’envolent hors de la ruche, elles ne font normalement pas attention à l’endroit où elles se trouvent. Elles savent où elles vivent et n’y pensent même pas. Lorsqu’elles reviennent, elles recherchent des points de repère familiers et les suivent. Elles s’orientent lorsqu’elles quittent la ruche pour la première fois, mais seules certaines conditions les obligent à se réorienter par la suite. L’une est l’enfermement. Tout confinement en provoquera. 72 heures provoque environ la réorientation maximale. Après cela, il est difficile de faire la différence. Un blocage de la sortie provoque une réorientation. Les gens remplissent parfois l’entrée d’herbe. Cela combine l’acte de l’enlever, qui déclenche une réorientation, avec un certain confinement, qui provoque une certaine réorientation. Une obstruction évidente qui les fait dévier de leur sortie normale déclenchera une réorientation. Une branche ou une planche devant l’entrée qui les oblige à la contourner, les amènera à faire attention à l’endroit où ils se trouvent.



29/04/2023
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