Autopsie - 1 - Sémiologie
Extrait de la conférence sur la sémiologie en apiculture aux Journées Nationales des Groupements Techniques Vétérinaires à Nantes en 2011.
La sémiologie est l’étude des signes. Comment l’appliquer dans le diagnostic des maladies des abeilles ?
On réalisera successivement un examen à distance et un examen rapproché. La récolte des signes et des symptômes se fera donc d’abord dans l’environnement et dans la ruche. L’ouverture de la ruche et l’examen minutieux des cadres sont des moments clefs de la sémiologie apicole : ils permettent d’affiner les premières impressions données par l’examen à distance. L’œil doit s’exercer pour dépister des anomalies physiques, des signes digestifs, des signes de parasitisme, des symptômes nerveux..., sur les abeilles mais également sur le cœur vivant de la colonie, le couvain. Dans le cadre d’une veille sanitaire, plus tôt les premiers signes de maladies sont observés, meilleur est le diagnostic.
L’ENVIRONNEMENT
Dès l’arrivée sur place, des éléments précieux sont à prendre en considération : qualité de l’emplacement (ressources en eau et nourriture, vents dominants, présence possible de prédateurs...), entretien des abords (absence de défrichage, traces de visites régulières ou non).
ASPECT EXTÉRIEUR DE LA RUCHE
L’observation des ruches est intéressante : elle renseigne sur le matériel choisi, sur son état d’entretien (peinture ou lasure récente, destruction par des nuisibles, renouvellement des ruches abîmées...).
OBSERVATION DE LA PLANCHE D’ENVOL
L’observation des planches d’envol permet d’estimer l’activité de la colonie (départ et arrivée d’abeilles). On peut y observer la présence des gardiennes, d’abeilles mortes, de déchets divers ou de salissures particulières (dans le cas de pillage par exemple). Il est important aussi de détailler le sol en avant de la planche d’envol puisque c’est là que les abeilles repoussent les déchets qu’elles évacuent de la ruche. Si la ruche dispose d’un plateau grillagé, de la même façon, le sol doit être observé.
À L’OUVERTURE DE LA RUCHE
Lors de l’ouverture de la ruche, noter la présence ou non de propolis (couvercle « collé » ou non au corps de ruche). Écouter le bruit émis par les abeilles lors de l’ouverture du toit peut aussi apporter des informations. L’ouverture de la ruche permet d’un seulcoup d’œil de se faire une idée de la taille de la colonie : soit les cadres sont recouverts d’abeilles, soit au contraire les abeilles se font rares. L’examen à distance et l’observation de la planche d’envol nous avaient déjà alertés sur une éventuelle dépopulation. On peut constater la présence éventuelle de soies et de chenilles de fausse-teigne. D’autre part, des odeurs se dégagent de l’intérieur de la ruche : odeur normale de cire d’abeille, odeur anormale de colle forte (loque américaine), odeur vinaigrée. Enfin, il est parfois possible d’observer des insectes autres que des abeilles (fourmis, fausse teigne, guêpes...), signes d’un dysfonctionnement de la colonie incapable de se défendre.
à gauche, l'absence de ponts de cire indique pour cette colonie morte durant l'hiver que sa disparition est antérieure à l'hiver, alors que la photo de gauche montre une colonie qui a construit des ponts de cire lors de la préparation de l'hivernage. On peut ainsi avoir un élément pour dater la mort de la colonie.
LES CADRES DE CORPS ET LE COUVAIN
Après l’ouverture de la ruche, il faut observer chaque cadre de corps. Sur les cadres, il faut noter la qualité des cires et des alvéoles (couleur, consistance, répartition...). Les anomalies observées sur le couvain peuvent être variables : un couvain devient irrégulier dans le cas de maladie comme la loque. On peut observer un couvain en mosaïque, un couvain plâtré, des opercules affaissés, des opercules percés, des larves filantes ou non… Les abeilles stockent aussi dans les cadres de corps leurs réserves en miel et en pollen : il est utile de vérifier que leurs quantités sont adaptées au moment de l’année où l’examen est réalisé.
Lors de l’examen rapproché, notamment des cadres, il faut observer attentivement les abeilles. Il est possible de repérer différents symptômes : ailes déformées, ailes asymétriques ou en position anormale, abdomen distendu, couleurs anormales, abeilles de petite taille, abeilles « lisses » (sans poils), des signes parasitaires (varroa), des signes digestifs (déjections diarrhéiques sur le corps de ruche).
NON VISIBLE et pourtant...
Ce sont les métabolites de l’amitraze (composés organiques intermédiaires issus de la dégradation de l'amitraze) qui sont responsables de la contamination de la cire et non pas l’amitraze elle-même. Les cadres exposés ne doivent donc pas être recyclés pour la production de cires gaufrées.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 14 autres membres